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Naissance de la Biologie Moléculaire à Brest

C’était il y a 3O ans,

C’était hier,

C’était il y a un siècle ….

 

La fin des trente glorieuses. La médecine avançait à grand pas : la biologie moderne était en train de naitre. Jean Dausset venait d’avoir le prix Nobel de Médecine pour la découverte du système HLA. L’aventure des premières greffes de rein et de moëlle osseuse devenait une réalité …

La transfusion sanguine se développait. A Brest, Le Docteur Saleün, Directeur du Centre de Transfusion Sanguine, bénéficiant d’une aide sans faille des Amicales de Donneurs Bénévoles, se projetait dans l’avenir.

La visite du Pr Dausset à Brest, en 1984, achevait de le convaincre que la biologie moléculaire, encore à ses balbutiements, allait nous donner accès à la connaissance de l’infiniment petit, à la connaissance de nos gènes…

Il  se mit en quête d’un jeune médecin tenté par l’aventure de cette nouvelle terre à explorer.

 

Je terminais alors mes études de médecine, que j’avais enchainées après des études de pharmacie, et nos routes se croisèrent. Cette double compétence de clinique et de laboratoire était un avantage pour relever ce défi que me proposa le Dr Saleun, à savoir : monter un laboratoire de génétique moléculaire que l’on baptisa laboratoire de biogénétique.

              Tout à construire

Je partais avec une page blanche à écrire. Dans ces années 80, on pouvait compter sur les doigts d’une main les laboratoires qui maitrisaient les nouvelles techniques d’analyse de l’ADN .

J’ai pu bénéficier, dans ces années, de l’aide précieuse d’une jeune technicienne, Claudine Verlingue. Nous avons monté nos premières expériences et oeuvré avec la foi et sans doute l’inconscience des pionniers. J’étais déjà convaincu que l’objectif était de travailler sur les maladies génétiques particulièrement fréquentes et importantes en Bretagne .

La rencontre dans ces mêmes années de Mr Bernard Laurent, responsable régional de l’association des  parents d’enfants atteints de mucoviscidose, me fit prendre conscience de l’importance de cette maladie en Bretagne et de l’urgente nécessité d’identifier le gène responsable de la maladie. C’est ainsi que débuta ce travail sur la mucoviscidose.

Une collaboration européenne se mit en place sous l’égide du Pr Williamson à Londres. Dans cette course très compétitive pour identifier le gène, ce sont finalement les nord-américains qui arrivèrent les premiers à isoler la séquence du gène de la mucoviscidose : le gène CFTR .

Tous les chercheurs se retrouvèrent alors en octobre 1989 à Tampa en Floride pour mettre en place un Consortium d’étude des mutations du gène CFTR.

Très rapidement, nous avons pris une place importante dans ce Consortium en identifiant, à Brest, plus de 250 mutations, ce qui nous a permis de mettre en place dans toute la Bretagne, dès les années 1990, le diagnostic anténatal et le diagnostic néonatal de la maladie.

Le laboratoire était lancé….

                   Les nuages noirs des années SIDA

Les premiers résultats publiés, notre cause allait être rapidement relayée par une opération de grande envergure portée par le Télégramme dirigé à l’époque par Monsieur Jean-Pierre Coudurier. Avec l’aide et le soutien de Marcel Quiviger, qui coordonnait le projet au Télégramme, nous avons bénéficié pendant deux mois de pages entières consacrées à cette maladie et, en parallèle, d’une levée de fonds pour mon laboratoire et le Centre hélio marin de Roscoff. La mucoviscidose, grâce à cette aide au soin et à la recherche, était devenue une cause bretonne.

J’ai pu embaucher mes premiers chercheurs et obtenir des résultats publiés dans les meilleures revues scientifiques …Malheureusement des nuages noirs arrivèrent dans ces années que l’on appelle aujourd’hui les années SIDA. La transfusion qui sauvait tant de vies avait été un vecteur pour la transmission d’un nouveau virus...

Nous étions devant une catastrophe sanitaire sans précédent. Les moyens financiers diminuaient. L’heure n’était plus au développement et à la recherche. Le Dr Saleun décidait immédiatement d’arrêter la recherche dans le Centre qu’il dirigeait, prévoyant de licencier rapidement les chercheurs.

Il y a des moments ou dans la vie le destin peut basculer brutalement dans un sens ou dans l’autre.

J’ai eu la chance, à ce moment précis de l’histoire, que le Président des Donneurs de Sang du Finistère, René Vigouroux, suivi par l’ensemble des Présidents d’Amicales de DSB, prenne l’initiative d’un combat contre cette fermeture et  fit rapidement circuler une pétition signée en quelques jours par plus de 50 000 bretons. Cette « levée de boucliers » permit de gagner le bras de fer évitant la fermeture du laboratoire et le licenciement des chercheurs.

En 1996, un Contrat de Reconnaissance Inserm, inauguré par Le Président Philippe Lazar lui-même, nous apportait notre première reconnaissance officielle de la communauté scientifique .

 

        L'épilogue de plusieurs mois bien difficiles.  Le Télégramme

                                      L'Unité INSERM

Au laboratoire, une première équipe Inserm fut créée en 2001 puis confirmée en 2004, 2008 et 2012  avec une note A+. Au fil des années l’équipe prit de l’ampleur avec les premiers recrutements de chercheurs Inserm, de Maitres de conférence, de Professeurs de médecine, d’ingénieurs....

Nous bénéficions toujours de l’aide indéfectible de l’Association Gaetan Saleun qui gère tous les fonds caritatifs venant aider les activités de Recherche du laboratoire .

 

Voici en quelques lignes, avec de nombreux oublis sans doute, comment ce laboratoire :

           - est né dans un centre de transfusion, tout au bout

             de la Bretagne,

           - a été sauvé par les donneurs de sang bénévoles,

           - est aujourd’hui soutenu par les nombreuses

             actions en direction de la recherche.

Je voudrais remercier nos soutiens fidèles et sans faille au cours de ces années ; l’asssociation Gaétan Saleün, bien sûr, qui a permis la naissance du laboratoire, qui le soutient depuis 30 ans et porte toujours les projets de recherche sur les maladies génétiques mis en oeuvre au laboratoire.

 

Professeur Claude FEREC